Cet article traite de genre et de parité.
Si, en lisant cela, vous vous sentez déjà « gender fatigué » … c’est bien dommage, parce que le problème est loin d’être résolu.
Afin de comprendre mieux votre propre gender fatigue, n’hésitez pas à aller voir le replay de l’événement de l’excellent curiosity club (c’est par là !).
C’est bon ? Vous n’êtes plus gender fatigués ? Alors on y va !
Le sommet de l’inclusion économique se tenait fin novembre.
Nous nous y sommes retrouvées, avec Caroline Ramade. Et j’en ai profité pour échanger avec elle sur sa vision révolutionnaire et puissante de la parité dans la tech.
Caroline est la fondatrice de 50intech, une startup qui fourni des outils technologiques pour atteindre la parité dans les métiers de la tech. Les entreprises n’ont plus d’excuses pour dire qu’elles ne trouvent pas assez de profils !
Interview Caroline Ramade
Pourquoi est-il important d’atteindre la parité, en particulier dans la tech ?
L’importance de la parité dans la tech réside dans un besoin vital pour les entreprises. D’après la dernière étude de McKinsey en 2023, le déficit de talents technologiques en Europe estimé est de 1,4 millions à 3,9 millions de personnes d’ici 2027. Bien que les femmes représentent 52% de l’humanité, elles ne comptent que pour 22% dans des rôles Tech. Si l’Europe pouvait doubler la part des femmes à environ 45 %, soit environ 3,9 millions de femmes supplémentaires d’ici 2027, elle pourrait combler ce déficit avec une augmentation du PIB pouvant atteindre 260 milliards d’euros à 600 milliards d’euros.
Avec 50inTech, on veut accompagner cette tendance vertueuse en retenant les femmes qui quittent la tech après 8 ans d’experience soit 35 ans. La parité et la diversité plus globalement, c’est la clé pour faire décoller l’innovation et la croissance en adressant des audiences plus larges pour concevoir des produits pour tou·te·s.
Quels sont les freins structurels à l’entrée des femmes dans la tech ?
Ils sont nombreux : des environnements peu inclusifs voire toxique, des politiques d’embauche non diversifiées et des lacunes dans les opportunités de promotion pour les femmes, ce qui crée des inégalités salariales et les politiques de flexibilité. 50inTech propose une solution de sourcing inclusif et des outils d’analyse pour évaluer l’inclusion de genre avec des recommandations.
En quoi 50inTech est-elle différente des autres solutions existantes ?
Notre plateforme se distingue par ses produits SaaS,
1) « Gender Hire » l’offre de sourcing inclusif pour les entreprises qui prend en compte les besoins de carrière exprimés par les talents
2) « GenderScore« , l’analyse complète de l’inclusion de genre basée sur des KPIs précis qui inclus des recommandations personnalisées basées sur les actions mises en place par l’entreprise ainsi que l’évaluation de leur performance via la perception employé·e·s.
Par ailleurs, 50inTech encourage les femmes à faire reconnaître leur valeur et leur rareté tout en exigeant des politiques d’inclusion lors des entretiens. Nous donnant accès en transparence aux candidat.e.s au données de ratio de genre y compris dans les équipes tech ce qui n’existent nulle part ailleurs, ainsi qu’une évaluation de performance en termes d’égalité salariale
Que penses-tu des discours qui suggèrent un manque de confiance chez les femmes dans la tech ?
Ils sont réducteurs et simplistes. La réalité est bien plus complexe. Les hommes ressentent aussi le syndrome de l’imposteur mais il est bien plus présent ou en tout cas exprimé chez les femmes car il y a une remise en cause permanentes de leur légitimité et de leur compétence.
Caroline Criado-Perez a très bien décrit dans son livre “Femmes invisibles” à quel point les femmes dans la tech étaient victime du mythe de la méritocratie. La sous représentation des femmes dans la tech (en occident) et dans les écoles d’ingénieures est due aux stéréotypes de genre, et pas uniquement, comme un discours dominant pourrait le faire penser, à des goûts ou inclinaisons personnels !
Quelle est la différence hommes/femmes en termes de compétences dans la tech ?
Aucune différence significative n’existe en termes de compétences.
Ce sont plutôt les opportunités, les environnements de travail et les politiques internes qui créent des disparités.
Encore une fois, cette question est occidentale il y a 55% de femmes dans la Tech au Maghreb et jusqu’à 42% dans certains pays asiatiques comme la Thaïlande ou Singapour, car les femmes y sont encouragées à faire des études dans les STEM et que ces métiers ne sont pas décrits comme des jobs faits pour des hommes.
Qu’advient-il des femmes une fois recrutées dans les entreprises tech ? Y a-t-il du turnover ?
Le turnover est un problème majeur : une femme sur deux quitte la Tech après 8 ans de carrière, soit 35 ans, généralement après leur première maternité.
Rappelons que la moyenne d’âge dans les startups en France est de 29 ans! 50inTech travaille pour retenir ces talents en proposant la mise en place des politiques parentales et de flexibilité renforcées, des programmes de mentoring et des ressources ou les meilleures solutions du marché pour soutenir leur progression.
Qu’est-ce qu’un environnement toxique dans ce contexte ?
Un environnement toxique dans la tech peut être caractérisé par des discriminations de genre, un manque d’inclusion, des politiques internes défavorables aux femmes et un plafond de verre difficile à briser.
Des politiques anti-harcèlement très faible, avec seulement 53% qui mettent des mesures en places (GenderScore 2023) et plus de 40% des entreprises qui ne forment pas les managers au biais inconscients.
Quelle est ta vision de l’équilibre vie pro/vie perso et comment cela peut-il être un frein à la carrière ?
L’équilibre vie professionnelle/vie personnelle est crucial, comme l’a bien mis en lumière les travaux de Claudia Goldin, professeure d’économie à Harvard qui vient de recevoir le Prix Nobel d’économie.
Quand 70% des femmes sont exclusivement en charge des tâches domestiques, ce déséquilibre peut entraver la carrière, notamment pour les femmes. 50inTech les aide à identifier les entreprises les plus propices et inclusives ainsi que des bootcamps et un futur service de mentoring pour aider à équilibrer ces aspects.
Peux-tu nous parler de ton innovation du GenderScore ?
Le GenderScore est un outil novateur d’évaluation de l’inclusion de genre, basés sur 54 indicateurs intégrant les politiques régulatoires, les meilleures etudes sur le sujet mais aussi basé sur les retours et demandes des 30 000 femmes qui sont sur la plateforme de talents GenderHire.
Cela permet d’évaluer la performance DE&I des entreprises sur 5 pilliers (Gender Ratio, Egalité salariale, Egalité de promotion de carrière, Flexibilité et la qualité des politiques de lutte.
Que voudrais-tu dire sur la mixité/diversité/inclusion ?
La parité, la diversité et l’inclusion sont des piliers essentiels pour l’innovation, j’y ajouterai l’équité et le sens d’appartenance.
La parité et la diversité: c’est la capacité à attirer et embaucher des talents diversifiés en revoyant ses méthodes de sourcing et en éradiquant les biais dans les process de recrutement
L’inclusion: c’est quand tout le monde se sent accueilli, respecté et valorisé pour qui il est, peu importe ses différences. C’est créer un environnement où chacun a sa place, participe activement et bénéficie des mêmes opportunités, sans discrimination ni exclusion.
L’équité: c’est donner à chacun ce dont il a besoin spécifiquement pour réussir, en tenant compte des différences et des obstacles auxquels chacun peut être confronté. Cela implique de traiter les individus de manière juste et équitable, en offrant des opportunités et des ressources adaptées à leurs besoins pour garantir des chances égales de réussite. L’équité vise à réduire les inégalités et à promouvoir la justice sociale. C’est avoir conscience qui gravir l’échelle sociale sera plus difficile pour une personne en situation de handicap ou une femme noire que un homme blanc, même non diplômé.
Le sens d’appartenance (“sense of belonging”): C’est le sentiment intérieur et émotionnel de se sentir accepté, intégré et connecté à un groupe, une communauté ou un environnement. Cela implique de se sentir à sa place, d’être valorisé et reconnu au sein d’un groupe social, professionnel ou culturel, favorisant ainsi une sensation de lien et d’identité avec cet environnement.
50inTech croit en la création d’un écosystème inclusif pour permettre à tous les talents de s’épanouir et créer une tech plus innovante pour le plus grand nombre.
